Notice
J’ai donné à cette pièce un titre en langue bretonne, une langue presque totalement étrangère à la mienne, et pourtant proche comme un ancêtre oublié. C’est un des nombreux paradoxes que j’ai accumulés dans cette oeuvre liée à l’universelle tentation d’explorer les frontières du désir. En effet, jusque dans son nom de « soleil aveugle » elle évoque l’élan vers la mort comme une manifestation essentielle du désir de vivre. Les textes chantés, lorsqu’il ne s’agit pas de simples onomatopées, sont en partie empruntés à Sappho et à Novalis, qui incarnent deux chemins opposés et convergents vers la Nuit. L’art des sons ne peut abolir le temps qu’en l’accueillant pour le métamorphoser. C’est sur un tel fond commun éminemment paradoxal que se déploie cette musique, qui n’a rien de morbide ni d’accablé, mais qui, au contraire, s’affirme comme une ascension obstinée, et parfois jubilatoire, vers ce soleil qui « ne se peut regarder fixement », selon le mot célèbre de La Rochefoucauld.
… je ne sais quel désir me prend de mourir et de voir les lotus sous la rosée, aux rives de l’Achéron…
…au loin elle nous crie de venir, et ce que nous savons bien, la nuit aux mille oreilles le chuchote par-delà la mer…
…sans mentir je voudrais être morte…
fragments de Novalis
… le coeur est las, l’univers est vide…
…infinis et mystérieux de doux frissons affluent en nous…
… les profondeurs lointaines renvoient un écho de notre deuil…
…louée soit la nuit éternelle, loué soit l’éternel sommeil…
F-B.Mâche
Instrumentation
3 Sopr., 3 A., 3 Tén., 3 B., 2 pianosCréation
25 janvier 2004, La Filature, Mulhouse, Musicatreize
Éditeur
Commanditaire
Dédicataire
Textes
Critiques – Heol dall