L’ESTUAIRE DU TEMPS

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L’ESTUAIRE DU TEMPS(Opus 71)
Mars 199329'Orchestre
orchestre Philharmonique dir. E.Howarth soliste Michael Levinas

Notice

L’estuaire du temps est une sorte de concerto pour échantillonneur et orchestre, commandé par Radio-France à l’occasion du Festival Musica 1993 et dédié au sculpteur Françoise Cataláa. La création a eu lieu le 17 septembre 1993 par l’orchestre Philharmonique de Radio-France au Palais des Congrès de Strasbourg, sous la direction d’E.Howarth.
Du concerto l’œuvre présente certains traits traditionnels comme le dialogue, parfois, entre le soliste et l’orchestre, ou l’organisation en trois mouvements enchaînés. Mais l’échantillonneur, même traité délibérément comme un instrument, a quelques particularités très peu traditionnelles. Il transmet tantôt la voix des éléments (ressac, vent) ou des langages humains (lituanien, russe, arménien ancien, batak, malais, javanais, xhosa, langues imaginaires), tantôt des sonorités instrumentales ou synthétiques. Il embrasse ainsi la presque totalité des sources sonores actuellement connues.

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Fidèle à des directions de recherche parfois suivies depuis très longtemps, j’ai orchestré des modèles parlés, en dotant chaque langue d’une alliance de timbres particulière. Me souvenant d’un enregistrement que j’avais réalisé en mai 1973 avec le poète A.Voznessenski, lorsqu’avec Antoine Vitez nous avions conçu un projet dramatico-musical resté sans suite, j’ai incorporé parmi d’autres voix celle de ce grand poète russe, comme un bref hommage. La Russie n’est-elle pas la patrie du zaoum, une des premières expériences de poésie sonore ? Dans la ligne aussi des modèles spectrographiques explorés par exemple dans Le son d’une voix en 1964, j’ai parfois écrit l’orchestre comme l’amplification des structures sonores dont l’échantillonneur livre simultanément la source.
Mais, plus qu’à ces particularités d’écriture, je me suis attaché, comme le titre le suggère, à rêver sur ce qui est peut-être le projet essentiel de toute musique digne de ce nom, c’est-à-dire la rencontre du temps et de l’éternité . L’estuaire est ce lieu où non seulement « le temps déborde » comme dit Eluard, mais où la mer investit le fleuve. La rencontre d’une forme narrative, – le cours du fleuve -, et de l’immuable en profondeur, – l’océan -, est le vrai thème de l’œuvre. Il y a trente ans, La peau du silence voyait la musique comme une caresse ; l’estuaire du temps l’invite plutôt à la rencontre du mascaret. Exploration d’une limite dans les deux cas. Ou franchissement ?

Instrumentation

4 fl, 4 hb, 4 cl, 4 bsn, 4 cors, 4 trp, 4 trb, 2 hp, 1 clavier échantillonneur soliste, 4 perc, 14 v1, 12 v2, 10 a, 10 vc, 8 cb.

Création

17/09/93 Strasbourg, Festival Musica, Palais des Congrès (Orchestre Philharmonique dir. E.Howarth soliste Michael Levinas)

Éditeur

Durand

Commanditaire

Radio-France

Dédicataire

Françoise Catalaà

Disques

CD Braises Radio-France CD MFA 216034

MFA L’estuaire du temps

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