TARANIS

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TARANIS(Opus 91)
Juin 200540'Orchestre, Musique vocale
Orchestre et chœurs de Radio-France, dir. Alexandre Briger

Notice

Pour Taranis, j’ai conçu en même temps le poème chanté et la musique. Le déroulement de l’un et de l’autre suit une forme spirale, archétype déjà exploité à plusieurs reprises depuis mon quatuor Éridan (1986). C’est-à-dire que tout est récurrent, (sauf les sections qui définissent une nouvelle spire), mais tout monte à chaque retour sur un plan plus éloigné de l’introuvable origine.

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J’ai revisité le poème Sterna de Séféris, que j’avais transmué en musique dans une oeuvre orchestrale déjà très ancienne, La peau du silence. Et j’ai transformé sa métaphore d’une citerne où s’accumulerait, goutte après goutte, le flot de la poésie, en une vision plus sombre du paradoxe temporel. Ni l’origine ni la répétition ne sont réellement pensables par l’homme. Pluton, le « riche » qui ne rend jamais rien, n’a aucun usage des morts qu’il collectionne. On ne comprend pas davantage comment Taranis, le dieu celtique dont les attributs sont le foudre et la roue, peut avec eux régir à la fois l’éternel retour et la destruction définitive de toute chose. Peut-être que seule la musique peut assumer le paradoxe qu’elle incarne : tuer le temps en le déployant, ou en le faisant imploser ?

À notre époque où s’achèvent cinq siècles d’humanisme post-chrétien, c’est l’irremplaçable institution de Radio-France qui m’a permis d’utiliser pour la seconde fois, 25 ans après Andromède, l’exceptionnel effectif d’un grand orchestre et d’un grand chœur. Souhaitons que de tels moyens soient encore disponibles sous l’empire culturel mondial qui est en cours d’installation.

Commentaire
Vivre dans deux dimensions opposées : celle du mythe et celle de l’histoire, et mener contre le temps une lutte perdue d’avance, tel est le contexte de ce vaste oratorio profane. La musique plus que tout art laisse parfois entrevoir comme une nouvelle dimension du temps, où tout est d’emblée présent. J’ai essayé de rendre sensible ce paradoxe à travers un texte, une forme à cinq niveaux, où se dessinerait l’impossible abolition du passé et de l’avenir. Quelques images détournées du magnifique poème de Séféris ont été chargées de rendre aussi physique que possible cette utopie métaphysique de l’absorption du temps linéaire dans un temps cyclique. Taranis est une figure mystérieuse qui semble avoir incarné ce paradoxe du temps immobile puisque ses deux attributs – la roue et le foudre – le désignent à la fois comme maître de la répétition et de la catastrophe.

Instrumentation

Orchestre 4.4.4.4.4.4.4., 4 perc., (I : Tb. À ressort grave, cuillères, maracas, claves, vibra, 3 toms graves, 3 congas. II : Tb. à ressort grave, cy. Sus. Med. & grave, archet, maracas, w-bl. accordés do4-fa6, lithophone do3-do5, 3 toms med-grave, vibra 4 oct., 3 congas. III : marimba fa2-fa6, tôle-tonnerre, maracas, 3 toms med-aigu, timbale do1. IV : marimba do1-do6, T-T grave, cuillères, trgl, marac., 3 toms aigus géophone, cloche-bol do5. 5 timp., bâton de pluie, Pno, célesta, cymbalum, 2 hp., Chœur 6 voix (minimum 60), récitant,

Création

10/05/08 Paris, Festival Présences de Radio-France, Cité de la Musique, orchestre et chœurs de Radio-France dir. Alexander Briger, récitant André Wilms

Éditeur

Commanditaire

Radio-France

Dédicataire

à Philippe et Lily Staib

Disques

Imagerie