MESARTHIM

J’étais satisfait d’avoir trouvé un titre qui pouvait se lire comme à la fois arabe et hébreu. Malheureusement le conflit palestinien est loin d’avoir été résolu, et la proximité linguistique exaspère en général les antagonismes plus qu’il ne les apaise. J’aurais peut-être mieux fait de trouver un titre en rapport avec Ravel, puisque c’était l’année qui était consacrée à sa mémoire.
Des notes répétées sur deux tempi simultanés assez proches (noire à 176 et noire à 184) sont difficiles à réaliser pour les interprètes, même avec l’aide de métronomes lumineux. Ils sont attirés l’un vers l’autre. Cette écriture illustre peut-être symboliquement la situation ambiguë des frères ennemis. Je n’en prends conscience que maintenant, mais elle était déjà esquissée dans Toïn theoïn, dans Areg et surtout dans Autonomie, toutes œuvres où la gémellité antagoniste s’exprime sur deux temporalités difficilement coordonnées.
Une brève et lointaine allusion au blues de la sonate de Ravel pour violon et piano est le seul détail rappelant les circonstances de cette composition, et signalant l’origine des ostinati scandés.