ALIUNDE

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ALIUNDE(Opus 59)
Janvier 198820'Musique mixte

Notice

Le titre (« venu d’ailleurs », en latin) se réfère aux sonorités échantillonnées, qui sont pour la plupart étrangères à l’orchestre européen. La technologie de l’échantillonnage a été utilisée conjointement à celle du séquenceur et de l’éditeur de partition, pour une nouvelle approche de l’écriture. Comme dans mes autres œuvres, en particulier celles qui sont élaborées à partir de modèles sonores, l’écriture est totalement précise et déterminée, et se situe au terme du travail de composition plutôt qu’à sa source. Mais les grandes possibilités d’improvisation et de retouches offertes par les séquenceurs redistribuent d’une manière nouvelle les rapports de l’idée et de l’écriture. Le clavier Midi est un outil qui permet l’inscription de l’idée sans délai ni codage préalable. Le compositeur se trouve donc immédiatement en présence d’un premier jet de sa pensée, et il peut dès lors la traiter en quelque sorte comme un modèle extérieur qu’il retravaille et réécrit à son gré. Le modèle au sens d’une structure trouvée et le modèle au sens d’un schéma dynamique tendent à se rejoindre. Physis et Hylé, la nature comme force productive et la nature comme produit structuré, œuvrent ensemble au sein de l’imagination.

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Commentaire
Je trouve aujourd’hui bien optimiste la conclusion de ma notice. Elle avait été rédigée dans l’enthousiasme suscité par les nouveaux outils dont commençait à disposer un compositeur pour renouveler ses rapports à l’écriture. Mais aucun outil n’est aussi déterminant que je semblais le suggérer, sauf à démissionner devant ses illusoires propositions. J’aurais donc dû m’en tenir au caractère et à l’expression propres de l’œuvre plutôt qu’à surestimer l’importance des moyens destinés à leur servir de supports.
L’exotisme est mort après la seconde guerre mondiale et la décolonisation. Ces événements ont substitué à la vision touristique traditionnelle un dialogue des cultures que la globalisation actuelle menace malheureusement de réduire à un soliloque. Ce qui est « venu d’ailleurs » pour Aliunde, ce ne sont pas comme dans Phénix des génotypes musicaux, mais surtout des timbres. Un tabla indien est joué par un Européen. Mais un gender javanais, des clochettes japonaise ou grecque, et des hybrides de santur iranien et de balafon africain, sont quelques-unes des sonorités que j’ai dû domestiquer sur un échantillonneur et son clavier Midi, faute de pouvoir les faire vivre par les moyens acoustiques, soit parce que les instruments ou les interprètes manquent, soit parce que les hybrides créés n’ont aucune réalité matérielle.
La soprano vocalise, sans aucun texte comme support. Ses affinités avec la clarinette en sont davantage soulignées. L’ensemble Accroche Note avait été formé à Strasbourg par le couple d’Armand Angster et Françoise Kubler en 1981, au moment où je venais d’y prendre la direction du Département musique de l’Université. Aliunde marque le début d’une collaboration avec cet ensemble qui a été fidèlement poursuivie depuis lors. Pour la création, le groupe était complété par Jean-Michel Collet, percussioniste et Martine Joste, claviériste.

Instrumentation

1 cl. (aussi cl-cb.), soprano, 1 perc.(dont tablas indiens), 1 échantillonneur (avec ou sans séquenceur)

Création

04/07/88 Londres, Festival Almeida (Accroche-Note)

Éditeur

Durand

Commanditaire

commande de l'État

Dédicataire

à l'ensemble Accroche note

Disques

Ensemble Accroche Note – Musifrance

Imagerie

Vidéos