Aperçu partitionNotice
Comme l’Octuor op.35, qu’elle prend comme point de départ, l’œuvre intègre des éléments d’écriture dérivés des techniques d’archet orientales ( lyra grecque du Pont, kemanche iranien ), et d’autres résultant d’une étude approfondie de la syntaxe utilisée par quelques espèces d’oiseaux telles que le phragmite des joncs.
L’Éridan est un fleuve mythique de l’Hadès grec, tout comme le Styx et le Lèthè qui ont fourni leur titre à deux de mes œuvres. Mais c’est aussi un fleuve du pays des Celtes, peut-être le Rhône. La rencontre des cultures celte et grecque, celle d’Ogmios et d’Heraklès, est un aspect intéressant et méconnu de notre passé, qui a été occulté par la conquête romaine. Éridan assume cet héritage, même s’il est essentiellement imaginaire. Le merveilleux celtique, avec son travail d’abstraction sur les modèles naturels, et la justesse grecque dans le sens des proportions (la symmetria) me sont apparus comme tout à fait compatibles.
Analyse
Éridan reprend un certain nombre d’éléments de l’Octuor op.35, et la mention d’un numéro d’opus dans le titre y prend le même sens d’une étape de réflexion dans mon parcours de compositeur. La recherche de la forme y est plus prégnante. C’est pour évoquer une sorte de spirale que j’ai enchaîné des séquences qu’on peut schématiser ainsi :
A-B-C-B1-A1-B2+C1-D-C2+B3-A2-B4-C3-D1-E-D2-C4-B5-A3-B6…
La lettre A symbolise une écriture sur le modèle de la lyra, B le modèle en éventail inspiré de formes végétales, C des modèles de chants d’oiseaux, D un glissando et E un groupe de traits descendants. Chaque occurrence du même type d’écriture est varié dans une mesure beaucoup plus large que pour des reprises ou des refrains, et dans certains cas combiné ou hybridé avec un autre type. On observe que l’aller et retour de chaque cycle s’élargit à chaque fois par l’insertion d’un nouvel élément central : successivement C, D et E viennent enrichir le jeu des variations dominé par B : c’est là, métaphoriquement, la spirale en question, une structure naturelle universelle qui a déjà inspiré plusieurs compositeurs et autres artistes. Elle a l’avantage d’intégrer les deux pôles de la création : répétition et variation. Le principal problème qu’elle pose à un musicien est son ouverture indéfiniment prolongée : on ne peut conclure que par sa rupture.
Instrumentation
quatuor à cordesCréation
17/01/87 Paris, Radio-France, salle du Ranelagh (quatuor Arditti)
Éditeur
DurandCommanditaire
Dédicataire
au quatuor ArdittiDisques
Quatuor Satie – Ravel, Mache, Fauré
Quatuor Arditti – Œuvres pour quatuor à cordes et trio de percussions
