MANUEL DE CONVERSATION

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MANUEL DE CONVERSATION(Opus 93)
Juin 200720'Musique de chambre, Musique mixte

Notice

J’ai accepté avec grand plaisir la commande proposée en 2006 par François Paris au nom du C.I.R.M., car c’était pour moi l’occasion d’explorer certaines possibilités du « temps réel », en surmontant une méfiance ancienne. C’était aussi l’occasion de retravailler avec Armand Angster, avec qui depuis plus de vingt ans j’ai entretenu une collaboration privilégiée sous la bannière de son groupe Accroche Note.
Cette pièce pour clarinette et ordinateur qui lui est dédiée se présente comme une longue série de dialogues entre l’instrument et les haut-parleurs. J’ai quelque peu renoué avec l’esprit ludique qui caractérisait en 1984 Aulodie, pour petite clarinette et bande. Mais cette fois le soliste est davantage maître du jeu : c’est lui qui déclenche les sons enregistrés, maîtrisant ainsi davantage le déroulement du temps, grâce à la technologie du CIRM.

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Les dialogues s’engagent avec des chuchotements de voix synthétiques, puis avec des locuteurs de langues suffisamment rares pour qu’on renonce d’emblée à les écouter autrement que comme des présences musicales. Elles viennent du Caucase comme le tcherkesse-adyghe, du Mexique comme le Mixe, du Canada comme le Tuchone, et de Papouasie comme l’Arapesh et l’Autu. Sauf le tcherkesse-adyghe, elles ne sont plus parlées que par quelques centaines de personnes.
Puis c’est avec des sonorités et des musiques provenant également de tous les continents que se poursuivent les dialogues, souvent très virtuoses. Je voyageais en Afrique noire et en Asie tandis que je composais cette pièce, et les trompes ou les percussions africaines, tout comme le koto japonais ou les bols tibétains, ont laissé quelques traces dans une partie de l’œuvre. Pour finir, ce n’est plus avec des humains ni avec des musiques que dialogue le soliste, mais avec la nature, et en particulier les sons de la pluie. Des archétypes comme le jeu, l’écho ou les répons, sont présents dans cette œuvre comme dans la plupart des musiques humaines et animales. Si l’on veut bien admettre qu’ils appartiennent eux-mêmes à la nature, ce Manuel de conversation abandonne peut-être son dessein initial, dans la longue contemplation finale, pour passer des dialogues à une sorte de « rêverie du promeneur solitaire », comme aurait dit Rousseau.

Commentaire
Malgré tout le talent des programmateurs, le logiciel Max MSP, peut-être à cause de sa sophistication même, a une fois de plus justifié la méfiance ancienne à laquelle fait allusion la notice. Les incidents de diffusion sont trop fréquents pour qu’on ne se résigne pas à abandonner la souplesse du « temps réel » en revenant à la rigidité plus fiable de l’enregistrement. L’interprète lui-même se sent plus en sécurité avec celui-ci qu’avec les défauts aléatoires du « suivi de partition ». Pour l’auditeur, de toute manière, il est généralement impossible de percevoir si c’est le haut-parleur qui accompagne l’interprète ou si c’est l’inverse, et cette question n’a finalement pas avec la musique elle-même un rapport décisif.

Instrumentation

clarinette et ordinateur (ou sons fixés)

Création

4.11.07, Nice, Armand Angster

Éditeur

Commanditaire

commande du C.I.R.M. de Nice

Dédicataire

à Armand Angster

Disques

Textes

Imagerie