LE SON D’UNE VOIX

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LE SON D’UNE VOIX(Opus 11)
avril 19647'30Musique de chambre
3.4.67 : Royan, Festival de Royan, Domaine Musical dir. Michael Gielen.

Notice

Notice d’origine

Le son d’une voix est plus riche et plus vrai que ce que dit cette voix. Ici, c’est celle d’Eluard dans «Poésie Ininterrompue II» que j’ai détournée de la poésie, pour essayer de lui faire avouer une musique qui dès lors n’est plus la sienne mais la mienne.

Comme je l’avais fait en 1959 pour Sappho («Safous Mélé»), en 1962 pour Séféris («La peau du silence») j’ai ainsi choisi pour modèle un texte parlé dont seules les qualités sonores – à l’exclusion donc du sens des mots – ont servi de prétexte à une transcription instrumentale diversement fidèle. Des sonagrammes m’ont aidé à analyser les plus fines articulations.
Persuadé que la musique est plus qu’un «langage», et désireux pour ma part d’exorciser cette vieille métaphore du «langage musical», liée à un humanisme abusif, j’ai opéré ici une anamorphose totale du texte en le mettant littéralement «en musique», si bien que plus rien de poétique au sens technique du mot n’y demeure.

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Le son d’une voix, créé à Varsovie en 1964 par K. Simonović , est un court essai qui fait partie d’une recherche plus générale dont la conviction première est que le sens profond de la musique consiste à mettre en maquette tout le réel sonore ; le langage humain le plus beau, tel celui d’Eluard , a ainsi sa place parmi tous les autres bruits de la nature.Commentaire

Je ne parlerais plus aujourd’hui d’humanisme abusif, et je reconnais que la parole a parmi les bruits de la nature une place qui est tout de même très particulière. Mais il est vrai qu’elle a un intérêt qui va bien au-delà de la sémantique du discours, et j’attribue à ce second essai, plus radical et plus développé que celui de Safous Mélè, une importance particulière. Il s’agit de la première œuvre reposant de part en part sur l’analyse de spectrogrammes, et préfigurant à ce titre ce qui s’est ensuite développé en France comme une école, dite spectrale.
En prenant ma propre voix et ma propre langue comme modèles je tentais de descendre dans l’inconscient individuel et collectif pour en ramener une vérité musicale cachée. Cela fut perçu par quelques critiques, comme J.Longchampt qui écrivait :
« La notice d’origine sonne un peu comme un manifeste : on peut voir là un travers juvénile aussi bien qu’un effort volontariste pour accéder à une vérité personnelle. »
J’avais utilisé le sonogramme pour affiner ma perception des plus petits détails de la parole. Il me révélait entre autres l’instabilité des voyelles et la faiblesse du niveau des consonnes. J’avais davantage eu recours à l’intuition pour le choix même d’un modèle offrant un taux important de reprises, d’assonances et d’anaphores : toutes formes de répétition alors proscrites par les « avant-gardes ». Je les réintroduisais dans ma musique de façon pour ainsi dire semi-clandestine, avant d’en reconnaître beaucoup plus tard l’universelle nécessité.

Instrumentation

1 fl, 1 cl, 1 cl-b, 1 bsn, 1 cor, 1 trp, 1 trb, 2 perc, 1 piano, 1 v1, 1 v2, 1 a, 1 vc, 1 cb.

Création

23/09/64 Varsovie, Automne de Varsovie, (dir. Konstantin Simonović)
1.10.64 : Berlin, Festival de Berlin, dir. Bruno Maderna
3.4.67 : Royan, Festival de Royan, Domaine Musical dir. Michael Gielen.

Éditeur

Durand

Commanditaire

Dédicataire

Disques

Imagerie

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