GUNTUR SARI

Il m’était déjà plusieurs fois arrivé de revisiter une œuvre pour en composer une nouvelle qui en était dérivée. Sopiana, Phénix et Éridan étaient ainsi nés respectivement à partir de Naluan, Anaphores et Octuor op.35. Mais en général plusieurs années s’écoulaient entre chaque réplique. Cette fois, dès que Xavier Darasse a entendu l’œuvre pour clavecin Guntur Madu, il m’a suggéré d’en faire une version pour orgue. J’ai aussitôt suivi cette proposition, à laquelle je n’aurais pas spontanément songé, l’orgue n’étant pas a priori l’instrument de la vitesse, à cause des acoustiques très réverbérantes où on l’entend couramment. Guntur Sari, à plusieurs égards, est une transcription plus proche de son modèle que par exemple Phénix ne l’est d’Anaphores.
Sans le terrible accident qui avait brisé la belle carrière d’organiste de Xavier Darasse, c’est bien sûr à lui que j’aurais confié la création de l’œuvre. J’ai dû me contenter de la lui dédier.
La laïcisation de l’orgue a été opérée dès les années 1960, grâce à des compositeurs comme Kagel ou Ligeti. Malgré cela, l’instrument est assez rarement présent en-dehors des églises. De ce fait, bien que ses sonorités aient été originellement faites pour le plein air lorsqu’il accompagnait les jeux du cirque, il est resté très marqué par la résonance des voûtes gothiques, et on a assez peu l’occasion d’entendre tout son potentiel percussif ou volubile, celui précisément qu’explore Guntur Sari.