Notice
Associer le théâtre, qui ne vit que d’histoire(s), et la musique, qui s’en passe si facilement, peut paraître un rapprochement contre nature. La formule de l’opéra avait ceci de bon qu’elle sacrifiait délibérément le livret à la musique ; mais le texte pesait encore d’un poids qui a écrasé des dizaines de partitions. Habitué à pratiquer une dialectique entre l’imagination musicale et le déchiffrage d’un modèle sonore, j’ai été tenté à mon tour par un dialogue entre le geste et le son. Deux options principales se présentent aujourd’hui dans ce domaine : considérer le geste même du musicien comme un spectacle en soi, et l’organiser, mais le théâtre risque d’être formel. Ou bien mettre en spectacle une musique, l’illustrer, et le ballet fait cela très bien. Ma tentative se réfère aussi à ce double souci : donner à voir la musique et donner à entendre le geste. Mais il ne s’agit ni d’un concert ni d’un ballet, malgré la précieuse collaboration d’une chorégraphe. Le choix d’une action allégorique correspond à un choix musical d’abord. N’étant plus contraint par un texte à ces longueurs inhérentes au théâtre chanté, j’ai cherché quelles situations simples pouvaient correspondre à la répartition des temps forts et faibles que je souhaitais pour la musique. L’allégorie et le mythe entretiennent avec l’imaginaire de ces rapports ouverts dont la musique reste un agent privilégié. Chaque scène est donc lisible de plusieurs manières, comme chaque musique est audible selon votre humeur. Quant au langage parlé, il n’intervient plus comme porteur du sens, mais comme musique, ou comme scorie de la musique.
Instrumentation
1 orgue positif, 2 perc., 3 joueurs d'anches médiévales, 10 comédiens, décor sonore, sons fixésCréation
15/07/76 Avignon, Cloître des Célestins, Festival, Atelier Lyrique du Rhin