BRAISES

Revenir au catalogue
BRAISES(Opus 74)
Décembre 199419'Orchestre

Notice

L’oeuvre est dédiée à Elisabeth Chojnacka , pour qui j’avais déjà composé Korwar (1972), Solstice (1975), Anaphores (1981) et Guntur Madu (1990). À certains égards, il s’agit d’une synthèse des traits techniques et esthétiques élaborés au fil de ces différentes œuvres. On y retrouve notamment la violence rythmique propre à l’instrument. Celui-ci, grâce à l’amplification électrique, a conclu dans notre siècle une alliance étroite avec les technologies du haut-parleur, sans perdre pour autant, (grâce à quelques facteurs comme Anthony Sidey) , la somptuosité de ses sonorités traditionnelles. Ce concerto, bien qu’il fasse appel à un orchestre proche par sa composition des effectifs qui étaient courants il y a 250 ans, ne se réfère ni pour l’écriture ni pour la forme à la tradition « baroque ». Si le clavecin a su s’en émanciper, c’est entre autres causes grâce à quelques rares interprètes comme celle à qui l’œuvre est dédiée.

Commentaire

Braises est une œuvre apparentée au concerto par le rôle de l’instrument soliste, mais son plan, contrairement à celui de l’Estuaire du temps, se situe en-dehors de toute tradition. Un premier mouvement traduit des modèles sonores naturels : le clavecin est d’abord utilisé dans ses registres extrêmes où il produit des sons rythmés d’insecte, et un orchestre léger lui fait écho. Ensemble, ils font peu à peu émerger d’un temps apériodique de brefs motifs d’une rythmique éclatée. C’est le second mouvement – enchaîné au premier – qui va progressivement fixer cette rythmique en une suite d’ostinati de plus en plus réguliers. La tradition baroque des « notes inégales » concourt avec celle du jazz à animer d’un mouvement de plus en plus affirmé un flux diversifié, comme une marquetterie de timbres, dont la mise en place orchestrale exige des interprètes et du chef une très grande rigueur. Une cadenza au centre de ce dernier mouvement laisse au clavecin l’occasion de se faire entendre seul, mais, contrairement à la tradition, c’est le seul moment où on ne lui demande aucune virtuosité. Le finale du mouvement est d’une euphorie rythmique perpétuelle. Sa simplification croissante va de pair avec une fixation tonale elle aussi de plus en plus simple, presque comme dans une danse populaire. Du début à la fin, Braises parcourt ainsi le chemin d’une réconciliation symbolique entre nature et culture, et entre liberté et tradition. Elisabeth Chojnacka a beaucoup contribué à me faire finalement tenter d’intégrer dans cette œuvre les recherches au départ antagonistes que j’avais illustrées respectivement par Korwar et par Solstice. Quant au titre, qu’un critique a cru pouvoir rapprocher de la flamboyante chevelure de l’interprète, il est lié pour moi aux crépitements irréguliers du feu que j’avais intégrés dans Kassandra et dans Maraé. Xenakis aussi avait aimé ces sons, qui avaient fourni à Concret PH le modèle le plus brut qu’il ait jamais intégré à une de ses œuvres.

Instrumentation

clavecin moderne amplifié, 2 fl., 2 hb. (2 aussi C.A.), 2 cl. (aussi cl-b. & cl picc.) 2 bsn, 2 cors, 2 perc. célesta, 4.4.3.2.1.

Création

12.2.95 Paris, Radio-France, E.Chojnacka & Orchestre de Katowice (dir. Antoni Wit)

Éditeur

Durand

Commanditaire

Commande de la Radio polonaise

Dédicataire

E.Chojnacka

Disques

CD Braises Radio-France CD MFA 216034

MFA L’estuaire du temps

Imagerie

Vidéos