Oeuvre complète
Notice
L’auteur a proposé ce terme de phonographie en 1960 pour désigner une pratique qui serait à la musique ce que la photographie est à la peinture. La recherche dans ce domaine est restée très marginale, tant à cause du tabou frappant le « réalisme » que des insuffisances techniques qui ont longtemps handicapé ses progrès. Le premier essai connu est Week end, du cinéaste Walter Ruttmann (1930). Au début du parlant, il a imaginé de laisser vierge la pellicule pour n’impressionner que la piste sonore, en y racontant les bruits du samedi et du dimanche. Ce cinéma pour l’oreille avait alors été salué comme un art nouveau et déjà parfait. Mais sa postérité a été plutôt restreinte. Comme la photographie, cependant, la phonographie offre à la fois les possibilités d’appropriation du réel et de sa déformation. Du simple « cadrage » sonore à la manipulation radicale, en passant par les « retouches », tous les degrés sont praticables. La phonographie se confond avec la musique d’une part lorsque l’organisation des séquences est régie par ses lois et non par celles du quotidien ; et d’autre part lorsque toute identification causale devient secondaire ou même impossible. La frontière est de toute manière mobile et perméable.
Ces quatre Phonographies de l’Eau sont une commande de l’État, finalisée dans le studio de l’auteur. La création a eu lieu en juillet 1980 à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon pour inaugurer une exposition sur le thème de l’eau.
Phonographie n°1 : Regmin (mot homérique signifiant « brisants »). Une traversée en voilier, le matin.
Phonographie n°2 : Ianassa (la « dame mauve », nom d’une Néréïde). Orage et pluie en ville, dans la journée.
Phonographie n°3 : Proteus (le « Vieux de la mer », gardien des monstres aquatiques). Amphibiens et insectes à la tombée de la nuit.
Phonographie n°4 : Spéiô (la « fille des grottes », autre Néréide). Sortie du fond de la grotte vers le jour.
Instrumentation
sons fixésCréation
12/07/80 Villeneuve-lès-Avignon, Chartreuse