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Rituel d’oubli en 1968, Rituel pour les mangeurs d’ombre en 1979, Lèthè en 1985 peuvent être vus comme témoins d’une thématique persistante dans mon imagination, celle de la mémoire et de l’oubli. Elle est au cœur de la perception musicale, qui se construit par la saisie d’un présent de quelques secondes, par la compréhension d’une forme de plusieurs minutes, et par le souvenir à l’arrière-plan d’une histoire culturelle, mais qui a un égal besoin de l’oubli. Comme l’écrivait René Char : « Comment avancer sans inconnu devant soi ? ». Le XXème siècle a parfois poussé ce souci jusqu’à l’impossible entreprise de la table rase.
Le violoncelle fait partie de ma mémoire personnelle, liée à la petite enfance. Mon père, violoncelliste, m’a même initié pendant un an à sa pratique quand j’avais huit ans, mais sans grand succès. Trois mois après Lèthè, le fleuve de l’oubli, c’est le chemin du souvenir qui mène au nécessaire équilibre entre les deux constituants de la vie psychique.
Le Kurzweil 250 n’est plus lui aussi qu’un souvenir. Comme la plupart de ces instruments d’informatique musicale, il était promis à une vie courte, abrégée par les progrès technologiques et surtout par la cupidité de leurs diffuseurs. On sait aujourd’hui que la culture numérique risque de ne laisser aucune trace à assez brève échéance. Les supports successifs de la pierre, du papyrus ou du parchemin, du papier, puis du numérique, ont conduit à un monde où la conservation de l’écriture deviendra problématique, et où la mémoire collective sera peut-être finalement de plus en plus réduite à une transmission orale. Le problème est qu’on a perdu depuis longtemps l’art de cette transmission, qu’il serait difficile de la retrouver, et que toute la musique électroacoustique serait irrécupérable.
ITER MEMOR(Opus 53)
Juin 198518'Musique de chambre
Notice
Iter memor signifie littéralement : « chemin doué de mémoire « . L’œuvre est une commande de Radio-France, écrite pour violoncelle et clavier numérique Kurzweil 250 (elle se joue aussi sur un échantillonneur).
Le souvenir n’est pas la nostalgie. Sans lui, pas de cohérence psychique ; et sans son contraire, l’oubli, pas de goût de vivre. La musique vit avec acuité cette double nécessité.
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Rituel d’oubli en 1968, Rituel pour les mangeurs d’ombre en 1979, Lèthè en 1985 peuvent être vus comme témoins d’une thématique persistante dans mon imagination, celle de la mémoire et de l’oubli. Elle est au cœur de la perception musicale, qui se construit par la saisie d’un présent de quelques secondes, par la compréhension d’une forme de plusieurs minutes, et par le souvenir à l’arrière-plan d’une histoire culturelle, mais qui a un égal besoin de l’oubli. Comme l’écrivait René Char : « Comment avancer sans inconnu devant soi ? ». Le XXème siècle a parfois poussé ce souci jusqu’à l’impossible entreprise de la table rase.
Le violoncelle fait partie de ma mémoire personnelle, liée à la petite enfance. Mon père, violoncelliste, m’a même initié pendant un an à sa pratique quand j’avais huit ans, mais sans grand succès. Trois mois après Lèthè, le fleuve de l’oubli, c’est le chemin du souvenir qui mène au nécessaire équilibre entre les deux constituants de la vie psychique.
Le Kurzweil 250 n’est plus lui aussi qu’un souvenir. Comme la plupart de ces instruments d’informatique musicale, il était promis à une vie courte, abrégée par les progrès technologiques et surtout par la cupidité de leurs diffuseurs. On sait aujourd’hui que la culture numérique risque de ne laisser aucune trace à assez brève échéance. Les supports successifs de la pierre, du papyrus ou du parchemin, du papier, puis du numérique, ont conduit à un monde où la conservation de l’écriture deviendra problématique, et où la mémoire collective sera peut-être finalement de plus en plus réduite à une transmission orale. Le problème est qu’on a perdu depuis longtemps l’art de cette transmission, qu’il serait difficile de la retrouver, et que toute la musique électroacoustique serait irrécupérable.
Instrumentation
violoncelle et échantillonneurCréation
12/11/85 Paris, Radio-France, studio 103 (Martine Joste et Alain Meunier)
Éditeur
DurandCommanditaire
Radio-FranceDédicataire
Disques
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Autres
F-X.Féron présentation