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ARTÉMIS(Opus 95)
Août 200815'Musique mixte
Notice
L’œuvre est dédiée à la mémoire de mon maître Olivier Messiaen, en l’année du centenaire de sa naissance.
Les registrations sont de simples suggestions, indiquées en référence à un orgue Allen. A partir de la mesure 335, aucune indication n’est donnée, mais de nombreux changements sont encore souhaités, à la discrétion de l’interprète, et en fonction de l’instrument utilisé.
L’équilibre entre les sons diffusés et l’orgue doit d’une manière générale légèrement favoriser ce dernier, mais la partie enregistrée ne doit jamais figurer un simple fond sonore.
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Ce n’est pas exactement la déesse de la chasse qui a donné son titre à l’œuvre. Sœur jumelle d’Apollon et pratiquant elle-même à l’occasion la cithare, sous le nom d’Artémis Hymnia, la déesse est aussi une musicienne. Ce qui m’a intéressé dans son symbolisme, c’est cette alliance étroite de la nature sauvage, et de la musique. Lèto (l’Obscure) s’est unie à Zeus (le Jour) pour donner naissance d’abord à Artémis (la Lune) et à Apollon (le Soleil) dans l’île de Délos (la clarté). Ce couple divin a pouvoir sur la santé : leurs arcs lancent les épidémies mais Apollon tolère aussi que son fils Asklépios les guérisse. Artémis chasse le gibier mais elle le protège également et vit en compagnie d’une biche. Déesse vierge, elle protège cependant la fécondité des créatures, et c’est elle qui assiste les femmes en couches, comme elle a dès sa naissance aidé Lèto à accoucher de son jumeau Apollon. Cet épisode révèle du même coup simultanément l’antériorité de la nature sauvage par rapport au dieu de l’harmonie, et son extrême proximité avec l’illumination spirituelle qu’il lui ajoute. Une seule journée cosmique sépare leurs apparitions jumelles. La musique n’a pas adouci leurs mœurs : ils châtient cruellement quiconque prétend empiéter sur leur pouvoir : Niobé, Actéon, Marsyas…
Personnellement convaincu qu’on ne saurait séparer radicalement nature et culture, et que la musique appartient aux deux domaines, dont elle incarne l’union nécessaire, j’ai trouvé dans cette figure antique un symbole permanent et plus général de l’ambivalence profonde d’apparents contraires. Ceux-ci sont parfois d’illusoires constructions de la raison, lorsqu’elle a trop bien réussi à éliminer le mythe.
Quant à l’orgue, aussi propre à faire sonner le silence que le flux d’un mouvement perpétuel, il demeure un véhicule possible du sacré, même libéré de ses attaches religieuses traditionnelles.
Personnellement convaincu qu’on ne saurait séparer radicalement nature et culture, et que la musique appartient aux deux domaines, dont elle incarne l’union nécessaire, j’ai trouvé dans cette figure antique un symbole permanent et plus général de l’ambivalence profonde d’apparents contraires. Ceux-ci sont parfois d’illusoires constructions de la raison, lorsqu’elle a trop bien réussi à éliminer le mythe.
Quant à l’orgue, aussi propre à faire sonner le silence que le flux d’un mouvement perpétuel, il demeure un véhicule possible du sacré, même libéré de ses attaches religieuses traditionnelles.
Instrumentation
orgue et sons fixésCréation
23.11.08, St-Germain-en-Laye, Pierre Pincemaille