ANAPHORES

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ANAPHORES(Opus 45)
Août 198115'30

Notice

Notice d’origine

C’est une œuvre en partie modale, à la fois par l’échelle utilisée (un mode chromatique réparti sur deux octaves) et par l’exploration linéaire de cette échelle. Toute l’introduction, longue mélodie confiée au vibraphone, se présente, un peu à l’image d’un âlap indien, comme une lente progression vers l’aigu, entrecoupée de récapitulations continuelles des divers degrés de l’échelle déjà reconnus. Elle sera ensuite reprise comme un thème tantôt en entier tantôt en partie, avec une ornementation proliférante.
Le titre (références, reprises, et ascensions) fait allusion aux décalages qui se produisent entre la ligne mélodique de base et ses différentes reprises. Ces décalages illustrent une conception du procédé canonique telle que la mélodie se superpose deux ou plusieurs fois à elle-même, comme dans un canon classique, mais à chaque fois à un tempo différent, ce qui exige des interprètes un effort mental tout particulier. Les possibilités percussives du clavecin d’une part, et la prédominance dans la percussion des instruments mélodiques (gongs accordés, marimba, vibraphone) d’autre part, facilitent la rencontre des deux moyens combinés ici.

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La rythmique de l’œuvre, est en partie inspirée du poète grec antique Pindare.  Le poème grec est employé comme modèle rythmique complexe, sans que son sens ne soit pris en considération. L’effet rythmique produit par la combinaison des cycles entre la main gauche et la main droite au clavecin est une technique que j’avais inventée pour Solstice en 1975 : les coïncidences des deux mains sur deux unissons successifs entre les deux claviers produisent des silences qui créent des effets rythmiques.

Commentaire
J’ai toujours considéré le clavecin comme une sorte d’instrument de percussion. L’associer à une percussion proprement dite m’est donc apparu comme une démarche que j’avais envie de développer sans antagonisme entre les deux partenaires. Toutefois la disparité des dynamiques disponibles au clavecin et à la percussion était le premier problème à surmonter. Le grand clavecin moderne, muni d’un jeu de 16 pieds, était indispensable, ainsi que son amplification. Le réglage de celle-ci était difficile, car trop souvent les micros reprenaient les sons les plus intenses de la percussion, et si l’on écartait trop les deux interprètes, leur coordination devenait plus malaisée. Le talent des interprètes et de l’ingénieur du son a cependant su obtenir un résultat équilibré.
Le titre de l’œuvre est moins à prendre comme un modèle rhétorique que comme une allusion à l’usage particulier d’un archétype, le canon. Que ce soit entre les deux instruments ou même entre les deux mains de l’interprète aux deux claviers, de nombreux passages jouent sur la superposition à lui-même du long « thème » d’abord entendu seul en introduction au vibraphone. Mais au lieu d’être comme les canons traditionnels coordonnés par une pulsation commune, les deux niveaux combinent deux tempi incommensurables, et proches l’un de l’autre, difficulté là encore superbement maîtrisée dès la création par Elisabeth Chojnacka et Sylvio Gualda.
L’instrumentarium de la partie de percussion : vibraphone, marimba, cloches-plaques graves, gong grave frappé avec une pédale de grosse caisse, 4 paires de cymbales charleston posées à plat, 12 petits gongs thaïlandais accordés, et 9 toms échelonnés (ou 9 congas et bongos) a été conçu pour créer avec les divers jeux du clavecin des hybrides insolites et chatoyants.
Quant à la rythmique de Pindare, elle est réputée pour être la plus complexe de toutes celles qu’a pratiquées l’Antiquité grecque. La répartition entre les kola ou cellules rythmiques et les vers a fait l’objet de longues controverses, mais le simple squelette rythmique, qui est tout ce qui nous reste de sa musique, est encore assez suggestif pour servir de modèle. A quelques rares endroits, j’ai pris quelques libertés avec la scansion.

Instrumentation

clavecin moderne avec 16P., 1 perc. (vibra., mar., cloches-plq., gong, 4 cymb. charleston, 9 toms, 12 gongs thaïs)

Création

01/03/82 Paris, Radio-France, studio 105, (E.Chojnacka & S.Gualda)

Éditeur

Durand

Commanditaire

Radio-France

Dédicataire

Charles Chaynes

Disques

Textes

Imagerie

Vidéos