Notice
L’œuvre a été commandée par la Fondation S.E.I.T.A. à l’occasion de la manifestation Cinq concerts à la une au centre Acanthes d’Aix-en-Provence, où elle a été présentée en deux séquences disjointes le 3 juillet 1984. La première exécution suivie a été donnée à l’Automne de Varsovie le 22 septembre 1985. C’est une pièce pour 2 pianos, 8 mains, qui prend place parmi d’autres titres inspirés par les fleuves mythiques : Lèthè pour la même formation, Eridan pour quatuor à cordes, et Achéron pour piano et percussion. L’écriture du piano se rapproche de la percussion, en particulier dans l’emploi des résonances. Le Styx est un fleuve des Enfers dans la mythologie grecque, et ce titre correspond à l’humeur générale assez sombre de l’oeuvre.
Commentaire
Styx a été composé pour essayer de fixer une vision sonore initiale, et pour développer les deux idées en germe dans Areg. Le piano est comme un espace de résonance où tantôt roulent des flots noirs, tantôt résonne un glas. Les 40 doigts employés permettent de créer des fondus-enchaînés qui font sonner les pianos de façon nouvelle. En écrivant les superpositions des tempi, je me suis parfois souvenu du projet de jeunesse raconté par Varèse. La lecture de Jules Verne décrivant les tourbillons du Zambèze lui avait fait rêver d’une musique qui reproduirait en quelque sorte leurs différentes vitesses combinées. Mais ici c’est à un fleuve des enfers païens que je songeais, et à son noir pendant terrestre en Arcadie. Quant aux sonorités de cloches, bien que prolongeant la tradition du glas, elles sont porteuses d’un recueillement qui n’est plus spécifiquement catholique. Elles servent aussi, comme un refrain, à préparer, à rompre, ou même parfois à mimer le flux précipité des notes graves. Vers la fin, un énorme martellement pourrait sortir des forges souterraines d’Héphaïstos.
Instrumentation
2 pianos 8 mainsCréation
03/07/84 Festival Aix-en-Provence, Barbara Cwioro-Szymsiak, Anne Piret, J-Y.Sebillote, C.Verhelst