Notice
Notice d’origine
La partie enregistrée comprend exclusivement des bruits d’eau presque sans manipulation, tous choisis pour leur caractère rythmique de percussion, et non pour les habituelles connotations de fluidité ou de continuité.
Comme dans les autres œuvres explorant cette méthode (Naluan et Maraé en particulier), les étapes du travail ont été : choix, enregistrement, sélection, montage, transcription et orchestration des sons.
Commentaire
Lorsqu’en 1965 j’ai choisi l’île d’Amorgos pour acheter un terrain dans l’intention d’y construire une résidence de vacances, j’ai été séduit par la pureté un peu sauvage de l’île et par l’aura archéologique d’un lieu qui fut un centre de la culture cycladique. L’île déserte de Keros, à moins de six milles, était probablement le principal centre religieux de cette population préhellénique, dont le nom même est douteux : Pélasges, Lélèges, Cariens ?
Lorsque par la suite j’ai réussi à y bâtir la maison que m’avait dessinée Xenakis, j’ai longuement écouté les sonorités des grottes marines toutes proches, et c’est là que j’ai réalisé plusieurs des enregistrements servant de canevas à cette œuvre.
La transcription des bruits de l’eau est une gageure que j’ai trouvée stimulante. En 1979, aucun programme de transcription automatique n’avait été développé, à ma connaissance du moins. Je n’avais à ma disposition qu’un bathygraphe (analyseur des dynamiques), d’un défilement quelque peu irrégulier, pour me donner un repérage assez sommaire des pics. J’ai opté pour la combinaison de quatre ou cinq sortes de transcriptions utilisées en parallèle : découpage chronométrique, relevé bathygraphique, transcription mesurée des pics rythmiques et des registres de hauteurs correspondants, notation des fluctuations dynamiques, et quelques onomatopées plus subjectives. Le choix du tempo de la noire à 120 et de « mesures » à 2/4 permettait d’aligner celles-ci avec les secondes du chronomètre. C’est ce dernier outil qui était, sinon le principal guide pour le chef d’orchestre, du moins un garde-fou pour synchroniser les instruments et le support de l’époque, une bande magnétique.
Tout en respectant la nature brute, élémentaire, des enregistrements choisis, j’ai aidé leur contenu rythmique à se manifester en les soumettant parfois à une porte de bruit qui souligne les accents dynamiques. C’est la seule manipulation, avec le montage, que je leur aie fait subir.
L’imaginaire sous-jacent à ce genre de composition largement calquée sur les rythmes et les sons d’éléments naturels est évidemment de l’ordre du sacré, c’est-à-dire de la recherche d’une adéquation avec une vérité antérieure à tout langage et à tout souci d’expressivité purement humaine. Si les modèles animaux postulent un certain ordre commun à la biosphère, les modèles élémentaires, eux, renoncent à cet ordre même, et rejoignent à leur manière ce qu’évoquait Xenakis en parlant d’ « une vérité immédiate, rare, énorme et parfaite ».
Instrumentation
2 bsn, 2 trb, 2 perc. (1 aussi orgue élec.), 1 pno, 2 v., 1 a., 1 vc., 1 cb., sons fixésCréation
16/11/79 Metz, Festival, (2E2M dir. L.Vis).
Éditeur
DurandCommanditaire
commande de l'ÉtatDédicataire
Textes
Critiques sur Amorgos